Depuis quelques jours, un navire hydrographique de l'IFREMER, HALIOTIS, sillionne les abords de l'Ile d'Yeu jusqu'au Continent afin de réaliser des sondages.
Ces sondages ont lieu dans le cadre de l'opération ODySéYeu menée par Elsa Cariou, une chercheuse islaise, et sa collègue Agnès Baltzer afin de mieux comprendre l'origine et les mouvements des sédiments présents dans le Coureau Islais, entre l'Ile d'Yeu et le Continent. Étonnamment, ces sédiments ont été peu étudiés jusqu'à présent et leur étude permettra de mieux comprendre les modifications du trait de côte et de pouvoir déterminer si elles font partie d'un cycle périodique ou non.
Ce projet se déroulera sur plusieurs années en mélant les campagnes de mesures en mer et à terre, avec le concours de plongeurs et pêcheurs locaux, ainsi que de pilotes de l'Aéro-club, désireux de participer à l’opération. Une description précise du projet est disponible sur la page Facebook d'ODySéYeu.
Par ailleurs, un appel aux dons (Fondation de l'Université de Nantes) a été lancé afin que chacun puisse participer au financement de cette étude qui permettra de mieux comprendre l'environnement de l'Ile d'Yeu et de mieux le préserver.
Intéressé par ce projet, j'ai contacté Elsa pour lui proposer de l'accompagner à bord d'HALIOTIS et prendre des photos de son travail. Rendez-vous a été pris pour d'aujourd'hui, mais finalement la sortie a dû être annulée à cause des conditions météo qui n'auraient pas permis un sondage précis. A la place, Elsa et Renaud, l'Officier Électronicien d'HALIOTIS en charge des appareils de mesure du bord, en profitent pour commencer à mettre en forme les données récoltées les jours précédents afin de pouvoir les présenter sur une carte, plus parlante, pour pouvoir présenter le travail en cours.
Comme souvent avec les ordinateurs, le plan ne s'est pas déroulé sans accrocs et il aura fallu quelques appels à des experts pour démêler les problèmes de types de fichiers et d'incompatibilités de versions de logiciel !
Pendant ce temps-là, Elsa m'explique les détails de son projet et je comprends qu'il ne s'agit pas uniquement de chercher du sable le long de la plage, mais véritablement de comprendre les mouvements des sédiments, tant par des mesures scientifiques que d'étudier l'histoire de l’Île et son patrimoine afin de déterminer les évolutions du trait de côte au fil des âges. Tout cela afin de comprendre la dynamique et d'avoir un point de référence qui n'existe pas actuellement. Ceci est d'autant plus important en raison des différents projets prévus autour de l’Île qui pourraient faire évoluer la situation.
Renaud me montre les relevés effectués et la résolution est impressionnante : on distingue nettement la conduite d'eau qui relie l'Ile au Continent au fond de la mer et même des champs d'algues !
En parlant avec Elsa et l'équipage d'HALIOTIS, je me rends compte que le métier de chercheur demande une grande polyvalence et de maîtriser de nombreux domaines en plus de sa propre discipline. Notamment, cela implique de passer beaucoup de temps à accomplir des tâches administratives pour obtenir des financements, des moyens techniques et humains, rendre compte du travail effectué... En somme, les chercheurs passent beaucoup de temps à chercher de l'argent pour pouvoir travailler !
Avant de partir, Elsa m’emmène voir les échantillons de sables collectés au fond de la mer. En vrai, il ne s'agit pas que de sable puisqu'il y a aussi des coquillages divers, et même des oursins de quelques millimètres ! Le type de sable et les coquillages présents permettront de connaitre l'origine des sédiments, mais il s’avère que la tache est particulièrement ardue puisqu'il faut tenir compte des courants qui s'appliquent à mélanger les pistes...
J'ai un peu l'impression que trouver une réponse implique de se poser quatre nouvelles questions auxquelles il faut aussi trouver la réponse !
Demain, la météo devrait être plus propice aux sondages et j'ai rendez-vous à bord pour aller voir ce qu'il se passe au fond du côté de Fromentine !