Come get some !

Comme tous les marins, tous les ans, je rend visite au Médecin des Gens de Mer. C'est comme la médecine du Travail, mais pour les marins, pour s'assurer entre autres que l'on satisfait aux conditions d'aptitudes à la navigation. Au cours de la visite, le Médecin me demande si je pratique une activité sportive et je lui répond fièrement que je fais de la photographie !

Car, d'une certaine façon, on pourrait considérer la photographie (de paysage au moins...) comme un sport. Bon d'accord, pas au point d'en faire une discipline olympique... En tout cas, cela demande parfois un engagement physique pour accéder à certains lieux éloignés ou pas toujours facile d'accès, en transportant une masse de matériel pouvant être relativement importante. Et puis, il faut souvent faire preuve d'un engagement mental pour affronter le vent, le froid, l'heure matinale (ou tardive), ... enfin toutes ses choses moyennement agréables qui encouragent à faire demi-tour pour aller s'assurer que la sieste du chat se passe dans de bonnes conditions.

Bien sûr, il ne s'agit pas du Vendée Globe ou de tout autre torture physique et intellectuelle que l'on choisirai de s'infliger, mais parfois il faut s'obliger à aller au bout de son idée, même si c'est plus loin, plus froid, plus tard... Une fois que le spectre du Baron P. de Courbertin s'esquisse, on peut aisément faire un pas plus vite, plus haut, plus fort et faire le parallèle entre le sport et la photo. CQFD !

2018 04 06 IMG 0200 Sunrise in wake fb

Pour illustrer mon propos (provoquant ?), je vais raconter la petite histoire cachée derrière cette photo. Lors d'une traversée entre Fromentine et l'Ile d'Yeu à bord de l'INSULA OYA II, il y a quelques jours, les conditions étaient propices à quelques photos du lever de Soleil. Quelques minutes avant que l'astre solaire surgisse au-dessus de l'horizon, je surgis moi-même de la salle des machines et traverse le pont arrière pour me rendre tout à l'arrière pour photographier le sillage. Forcement, le pont est encombré de marchandises et mon parcours ressemble à une épreuve de Fort Boyard. A un moment, alors que je monte une échelle, j'entends un bruit sourd derrière moi, suivi, un couple de secondes plus tard, par une horrible sensation froide et humide qui me parcours rapidement et violement de la tête aux pieds. Littéralement. Une vague venue de nulle part est venue s'écraser contre le bordé du navire et me voilà trempé. Pas mouillé : trempé ! Bien sûr, je n'ai pas mis mon manteau et je suis trempé jusqu'aux os. Le seul truc qui soit à peu près sec, bizarrement, est l'appareil photo. Pourtant, je l'avais dans la main et elle, elle est trempée ! ... ?
Deux choix s'offrent alors à moi, abandonner et aller me changer rapidement avant qu'on arrive à Port-Joinville, ou, comme l'appareil n'est pas noyé (chance !), aller au bout de mon idée et aller prendre cette photo...

Comme la photo est présente dans cette article, il n'est pas nécessaire que j'annonce mon choix... Sauf que, en conséquence, je n'ai pas eu le temps d'enfiler des vêtements secs avant l'arrivée et que je me suis gelé toute la matinée pendant que je servais de sêche-linge !
Tout cela pour dire qu'il faut y aller, qu'il faut taper dedans et ne rien lâcher, c'est dans la tête que ça se joue...

 

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