Un vraquier charge de la ferraille aux pieds du Pont de Cheviré.
De passage à Nantes pour un rendez-vous, j'en ai profité pour prolonger un petit peu mon séjour sur le continent pour prendre des photos au Lac de Grand-Lieu, au sud de Nantes.
Ce lac de faible profondeur est caractérisé par une superficie très changeante en fonction des précipitations : elle varie du simple au double au cours d'une année, passant d'environ 35 km2 en été à 65 km2 en hiver.
Arrivé sur place, je ne suis pas déçu puisqu'il y a de l'eau partout, je vais peut-être pouvoir trouver un arbre qui sort de l'eau, à la manière du Lone Tree en Angleterre... Je ne suis pas fâché d'avoir pensé à prendre mes bottes. En bon habitant du littoral, je me surprends à surveiller de temps en temps l'évolution du niveau de l'eau afin de ne pas me faire pièger par la 'marée' qui ne viendra jamais !
Je repère un bon spot, prends quelques photos test, et repars explorer les rives du lac.
Au bout d'une heure de recherches, je ne trouve rien de bien convaincant et comme le soleil commence à descendre sur l'horizon, je me dépêche de retourner à mon point de départ. Mon petit tour a fini de me convaincre que c'était LE spot pour ce soir : des arbres, de l'eau, le coucher de soleil, et en plus le vent est tombé et la surface du lac ressemble à un miroir !
"L'arbre flottant"
Le soleil est maintenant couché ; je suis content de ma journée qui m'a permis de découvrir ce lac et de prendre quelques photos qui me plaisent. Il est temps de trouver un endroit pour passer la nuit dans ma voiture récemment aménagée pour pouvoir y dormir en 'expédition' : un lit, un matelas gonflable, quelques rangements pour le matériel...
Après être allé faire un tour au bout de la piste de l'aéroport pour voir quelques avions atterrir, je m'installe dans un bois en bordure du lac pour passer y la nuit. Comme ça, demain matin, je serai aux premières loges pour assister au lever du jour sur le lac. En attendant, je déguste un bon repas chaud bien réconfortant, pendant que les batteries des appareils photos sont en charge...
Enveloppé par la nuit et la forêt, j'entends autour de moi une multitude de bruits d'animaux identifiés : canards, foulques, oiseaux en tous genres... Un vrai zoo ! On en entendrait presque plus les avions qui passent au-dessus du lac pour se poser à l'aéroport de Nantes, à quelques kilomètres de là.
Par contre, il y de nombreux bruits beaucoup moins identifiés, allant du bruissement de feuilles (rats ? lapins ?) aux craquements de branches accompagnés de bruits de pas lourds... Je finis par ne plus pouvoir ignorer la 'menace' et éclaire autour de moi avec la lampe frontale pour découvrir le reflet d'une paire d'yeux verts qui me fixent à 8~10 mètres ! Je décide qu'une bestiole équipée d'yeux verts ne doit pas être hyper féroce (contrairement à celles aux yeux rouges) et je retourne à mes affaires en essayant de me convainvre qu'il s'agit d'une biche ou d'une créature similaire. Devant mon manque d’intérêt pour elle, la bête reprend elle aussi le cours de ses affaires et part de son pas lourd et bruyant...
Je ne peux m’empêcher de penser à l’épisode de Kaamelott où Bohort est terrorisé de passer la nuit en foret :
Kaamelott - Livre 1 Épisode 61 : Un bruit dans la nuit
Mon eau chaude bue, je m'enfonce dans le bois, au mépris du danger que représentent les créatures terrifiantes qui le peuplent, et exploite le peu de lumière de la lune pour capter l'atmosphère inquiétante qui y règne avec des poses de 2 minutes.
Après une nuit courte et fraîche, mais supportable grâce à ma 'couette vache' (et mon bonnet !), je me mets en route pour trouver un nouveau spot. Sauf qu'au moment de tourner la clé de contact, je me rends compte qu'il n'y a pas besoin de la tourner : elle est resté toute la nuit sur ON... Pas bien !
Innocemment, je tente de lancer le moteur, comme si de rien n'était, mais le démarreur émet un faible 'woo' puis se tait. La batterie est déchargée... Par contre, les batteries des appareils photos sont chargées à bloc, elles ! Pas bien, pas bien du tout !
Voilà ma situation : je suis en panne de batterie, au petit matin, au fond d'un bois, perdu, à coté du lac...
Maintenant, c'est un épisode culte de Breaking Bad que je me remémore : Walter et Jessie sont perdus dans le désert avec le camping car en panne de batterie parce que ... Jessie avait laissé les clés sur le contact ! Je crois qu'ils finissent par s'en sortir au bout de 3 jours...
Clairement je ne suis pas prêt de croiser quelqu'un qui pourrait me remorquer pour redémarrer la voiture et je me résouds à attendre que le jour se lève pour appeler un dépanneur... Quand il me demande mon adresse, je ne peux m’empêcher de rire en lui expliquant ma situation. Heureusement le brave homme est capable de me trouver avec mes coordonnées GPS...
Une bonne heure d'attente et un coup de booster plus tard, le moteur tourne. Honnêtement, je suis un peu vexé de m'être mis dans une telle situation... M'enfin, maintenant je connais les limites de l'installation électrique de la voiture et vais pouvoir y remédier pour pouvoir partir quelques jours faire des photos en autonomie.
Le jour est maintenant levé et mon programme à l'eau... Comme je n'ai plus le temps de me lancer dans l'exploration des environs, je vais à la facilité et retourne au même endroit qu'hier.
Après quelques photos, il est déjà temps de ramasser les affaires et de reprendre la route pour ne pas rater le bateau pour rentrer à l'Ile d'Yeu. Je ne connaissais pas le Lac de Grand-Lieu, mais je pense que j'y retournerai à l'occasion car il doit y avoir quelques merveilles photographiques à découvrir, surtout en hiver...
"En route chez nous !"